Construit par la famille VOLAND avant 1883, le moulin est plus que centenaire. Conçu pour fonctionner avec le vent, un moteur (chaudière à vapeur) avait tout de même été ajouté avant la Guerre 1914-1918, ce qui permettait de le faire travailler presque continuellement. On y trouvait alors deux ouvriers-meuniers. En 1920, au retour de la guerre, le moulin devint la propriété de Monsieur VOLAND, propriétaire actuel.

Quelques données techniques :

La voilure, en sapin du Nord, est constituée de 11 planches par verge ; ces planches se plient les unes sur les autres lorsque le moulin est à l'arrêt. Prises à CONQUEREUIL, les verges accrochées à l'arbre central, sciées à la "scie de long" ont une longueur de 16 mètres. Le temps pour monter l'arbre en haut du moulin était estimé à vingt journées d'homme. Les meules sont en pierre meulière, une meule pèse à peu près une tonne pour un diamètre de 1m60. La couverture en bois est constituée de morceaux de coeur de chêne fendu à la main. Au grand désespoir de Monsieur VOLAND, l'état de la toiture est défectueux, et, de ce fait, il craint pour l'avenir de son moulin.

Que pouvait être la vie d'un meunier ?


Pour travailler, Monsieur VOLAND n'a toujours utilisé que le vent, et a dû en subir les caprices ; le vent se faisant rare (parfois, pendant 3 semaines), le moulin ne pouvant tourner, il fallait rattrapper le temps perdu. Certains matins, levé à 3 heures, ensuite on devait tourner le moulin dans le vent, en utilisant le chemin "dormant" : cette opération demandait 1/2 heure à 1 heure de travail, et ceci pouvait se répéter 2 à 3 fois par jour, selon le vent. En moyenne on écrasait 250 Kg de blé à l'heure, selon l'état des meules ; généralement, après un passage de 10 tonnes de grains, on devait "rhabiller" les meules avec un marteau spécial.

Travaillant seul, il était nécessaire aussi de s'occuper de la clientèle. Elle était servie jusqu'à 8 à 10 km à la ronde. La livraison de pochées se faisait bien sûr avec une carriole et un cheval ; aussi, devait-on économiser les distances, pour cela, en apportant la farine, on ramenait le grain. Monsieur VOLAND appréciait beaucoup ses tournées. Il était surtout très content d'aller trouver les clients non encore levés. Puis, les minoteries ont fait leur apparition donnant un rendement supérieur, une farine plus facile à travailler et plus blanche, mais, peut-être, ayant moins de goût. Alors, il fallut abandonner le grain et se tourner plus spécialement vers le blé noir et le "gaboret". Mais pour ce dernier travail, l'arrivée des concasseurs dans les fermes provoque progressivement l'abandon du meunier. Aussi, tout en reconnaissant ce côté agréable et poétique du fonctionnement du moulin, Monsieur VOLAND dût s'arrêter, et depuis 1964, les ailes du moulin ne tournent plus.